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Association Française des Techniques Hydrothermales

 

 

 

 Association Française des Techniques Hydrothermales ARCHIVES

Les boues thermales

Bref historique des diverses pratiques autour de la boue au sein des établissements thermaux.

Terminologie
BOUE THERMALE
▶ Fraction aqueuse : eau minérale
▶ Substrat minéral et/ou organique et éventuellement d’une partie biologique (péloïde)

Tableau de classement des boues thermales
selon R. SAVARIT (1984)

DÉNOMINATION BOUES HUMECTÉES BOUES IMPRÉGNÉES BOUES MACÉRÉES BOUES MATURÉES
  Confervoïdes  Lutoïdes Poltoïdes Fangoïdes Péloïdes
MODE DE PRÉPARATION « Essorage » « Suspension
extemporanée»
 « Imprégnation »  « Macération »  « Maturation »
PHASE LIQUIDE Eau Minérale
PHASE SOLIDE Végétale Minérale Minérale Minérale + traces organiques Minérale et organique
BIOCÉNOSE
(Phase « Vivante
de la boue)
Présente Néant Néant Traces Abondante
NOM DU TRAITEMENT
ASSOCIÉ
Fomentations
thermales
Lutothérapie Poltothérapie Fangothérapie Pélothérapie

Préambule
Divers travaux de recherches ont été réalisés sur les propriétés relatives de chacune de ces boues (afin de mettre en évidence les divers échanges entre la boue et le corps du curiste) en plus des qualités spécifiques thermiques de la boue.
En France, l’utilisation de la boue, est fondée sur un contact direct (ou à travers un tissus dont la porosité le permet) avec la peau du curiste.
L’école belge s’affranchit de cette nécessité et considère que seul l’aspect thermique est efficace dans la pratique, et interpose un film plastique entre le corps du curiste et la boue chaude, simplifiant ainsi les problèmes sanitaires.
Dans ce qui suit, nous n’évoquerons que les pratiques rencontrées dans les établissements thermaux français.

Pratiques
Application de boue ou illutation 

Dans cette utilisation la boue est appliquée par du personnel en quantité plus ou moins importante sur les parties que l’on souhaite traiter.
Cette boue est introduite dans la cabine dans des seaux plus ou moins sophistiqués, après avoir été extraite de malaxeurs soit manuellement, soit de façon mécanisée avec des pompes.
Elle peut aussi être stockée en doses étanches dans des armoires chauffantes à proximité ou dans les cabines.
En fin de soin, le personnel enlève la boue du corps du curiste et évacue la boue usagée.
A ce stade des pratiques différentes ont cours :

▶ récupération du produit à fin de réutilisation sur le même curiste avec des compléments pour compenser les pertes puis en fin de cure recyclage dans le milieu naturel ;
▶ retour dans des cuviers ou la boue est remise en phase de maturation avec appoint d’eau minérale avant réutilisation ;
▶ retour dans des cuves de distribution après remise en température ;
▶ évacuation en décharge de classe 1 de la boue, souvent avec le film plastique servant à la protection du lit. Cette pratique de boue à usage unique impulsée en son temps par Weiner Tabone est surtout rencontrée dans les stations thermales ayant introduit la boue récemment dans leurs pratiques;
▶ pasteurisation de la boue après utilisation avant réintroduction dans le circuit d’application.

Bain de boue général
Dans cette utilisation la boue est présente dans un bassin permettant l’immersion total du corps.
Ces bassins étaient présents, de longue date, dans les établissements pratiquant la boue, puis ont été abandonnés car difficiles à gérer sur le plan de l’hygiène.
Cette pratique à été remise au goût du jour aux thermes d’Eugénie-les-Bains en 1987 en introduisant la pasteurisation en continu de la boue dont le substrat minéral était du Kaolin.
Depuis, d’autres établissements thermaux ont introduit cette pratique dans leurs établissements soit avec du kaolin soit avec des argiles.

Cataplasmes
Le cataplasme consiste en l’application limitée à certaines zones de corps (uniques ou multiples) d’une quantité réduite de boue enveloppée historiquement dans des linges, puis plus récemment dans du tissus non tissé permettant le contact entre la peau et la boue contenue dans le cataplasme.
L’imprégnation de ces cataplasmes en eau minérale se faisait dans des bains-marie. En 1986, pour Eugénie-les-Bains, Michel Guerard a souhaité affecter son cataplasme à chaque curiste pendant la durée de sa cure afin d’améliorer l’hygiène de cette pratique et sécuriser le client sur l’origine du produit qui lui était appliqué.
C’est à cette époque que nous avons conçu des armoires chauffantes dans lesquelles les cataplasmes sur un plateau étaient maintenus en température et humidifiés.
Chaque plateau numéroté étant affecté à un curiste.
Depuis le concept a été repris par l’ensemble de la profession.
Ce type de cataplasme peut aujourd’hui être élaboré à partir de poudre d’argile sèche stockée, puis humidifiée au moment de sa mise en service pour un curiste.

Pedifoulage et manuboue
Cette pratique associée aux pédidouches/manudouches a été développée en interne au sein de la Chaîne Thermale du Soleil, et consistait en la circulation de boue plus liquide que celle utilisée pour les illutations.
Le pédifoulage est un bain de boue réservé aux membres inférieurs dans lequel le curiste marche, la boue circulant puis partant en surverse vers sa zone de retraitement.
Dans le manuboue le même type de boue circule dans des appareils dans lesquels le curiste a les mains immergées dans la boue.
La boue liquide après avoir circulé dans les appareils est récupérée, pasteurisée et remise en circulation.
Pour cette application au sein du groupe de la Chaîne Thermale du Soleil c’est le kaolin qui est utilisé, sur quelques sites en dehors du groupe où cette pratique (pédifoulage) a été mise en oeuvre la boue est préparée à partir d’argile, type Argicur.

Le lit de boue
Après avoir réfléchi sur leur pratique actuelle et analysé les possibilités d’évolution tant sur le plan technicoéconomique
que thérapeutique, les Thermes de Balaruc-les-Bains, ont décidé de développer une nouvelle pratique d’utilisation de la boue, à base de boue liquide du type bains de boue, mais diffusée localement sur divers points du corps à travers des buses localisées.
Cette boue après avoir circulé sur le corps du curiste est récupérée puis pasteurisée avant réutilisation.

Conclusion
Malgré le coût que représente la boue dans la pratique thermale les stations et le corps médical ont toujours souhaité la maintenir dans le panel thérapeutique en particulier pour la rhumatologie.
Ce bref exposé historique des diverses utilisations la boue dans les stations thermales montre que la profession a eu à coeur, sur la base de pratiques anciennes, de faire évoluer cette pratique vers plus d’hygiène et d’efficacité.